De Belém à Cayenne : la jeunesse guyanaise...

Mis à jour le jeudi 27 novembre 2025 , par Murièle Nugent

De Belém à Cayenne : la jeunesse guyanaise prend les commandes de la COP30

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Dans plusieurs établissements de Guyane, des élèves ont pris le rôle de négociateurs climatiques grâce à une simulation de la COP30, directement inspirée de l’événement mondial de Belém.
Une expérience unique qui plonge la jeunesse guyanaise au coeur des défis environnementaux mondiaux, leur offrant l’opportunité de débattre, et de défendre leurs idées avec conviction.
En plus de sensibiliser aux enjeux climatiques, cette simulation renforce leur expression orale et développe leur confiance en eux, des atouts essentiels pour demain.
Il est 14h au lycée Félix Éboué, la sonnerie retentit, les élèves rejoignent leurs salles de classe.
Enfin, pas tous. Une partie d’entre eux converge vers une salle du premier étage, aménagée pour l’occasion. Stylo dans une main, carnet dans l’autre, ils attendent patiemment que la séance s’ouvre pour aller s’installer à leurs places respectives.
« Vous pouvez rentrer, la COP va commencer ! », lance Carmen Bailly, enseignante d’histoire - géographie au sein de l’établissement. Par délégation, ils pénètrent dans la salle.

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L’événement commence, ils ne sont plus lycéens, et nous ne sommes plus au lycée Félix Eboué de Cayenne. Ils sont désormais, et ce, jusqu’à la fin de la séance, les représentants des Etats-Unis, du Sénégal, du Vanuatu ou encore de compagnies pétrolières ou d’associations environnementales.

Rôle, convictions et débats : l’expérience immersive des élèves à la COP Guyanaise.

Trois modératrices animent les débats et donnent la parole aux délégations. « La situation dans laquelle nous sommes présente d’importants risques pour l’agriculture et la survie des espèces, y compris la nôtre », explique au micro l’un des représentants du Chili. Attentifs et concentrés, les autres participants prennent des notes.
Chacun endosse le rôle du pays qu’il incarne, en présentant ses spécificités naturelles, climatiques et économiques, les risques auxquels il fait face, ainsi que les solutions qu’il propose à l’assemblée pour assurer sa préservation et répondre aux enjeux collectifs. Et comme en situation réelle, il y a ceux qui s’engagent, et ceux qui choisissent une toute autre stratégie.

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Une situation que nos ambassadeurs du jour ont parfaitement comprise et qu’ils tentent de reproduire « Il y a des aléas climatiques contre lesquels nous devons lutter. Mais nous ne souhaitons pas y perdre de l’argent, la préservation de nos finances reste notre objectif », énonce le représentant d’un des pays les plus pollueurs. Arrogance, crainte, fermeté, clémence…chacun se met véritablement dans la peau du pays ou de l’organisation représentée, à travers un discours bien préparé et enrichi de nombreuses données. Un remarquable travail de recherche et d’éloquence.
« Les élèves se prennent au jeu dès qu’il faut incarner un personnage, c’est quelque chose qu’ils apprécient particulièrement. Ils continuent de négocier sur les temps de pause, tentent de convaincre leurs camarades dans les moments informels…comme lors de la vraie COP finalement ! », se réjouit Carmen Bailly.

Les élèves au cœur de l’action climatique

Après l’assemblée plénière, deux groupes se séparent : ceux qui vont négocier autour de « l’atténuation », et ceux qui vont chercher « l’adaptation ». Plusieurs heures de débats, encadrées par un enseignant qui s’appuie sur le kit pédagogique de simulation de négociation sur le climat, élaboré par l’agence Française de Développement, le ministère de l’Éducation nationale et l’Office for Climate Education.

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« Moi je ne savais pas ce que c’était la COP. J’ai découvert l’événement quand on a commencé à le préparer, et j’y ai pris goût. J’ai appris plein de choses, et notamment sur la Guyane », explique une des lycéennes de l’assemblée. « J’en avais entendu parler, mais je ne m’étais jamais vraiment intéressé à la question du climat, parce qu’ici on a de la nature partout donc pour moi on n’était pas menacés. C’est en faisant les recherches que j’ai compris qu’en fait tout le monde est concerné », glisse son camarade.
Au collège Gérard Holder, la COP est également au programme du jour. Entre le cours de maths du matin et celui d’anglais de l’après-midi, les élèves de cinquième parlent réduction des déchets, réchauffement climatique, énergies renouvelables ou encore projets de reforestation.
Les discours sont plus courts, adaptés à leur niveau, mais pas moins percutants et structurés. « Il y a un certain engouement pour la prise de parole en public. Et comme le développement durable est travaillé en classe, ça les motive. Certains me disent que maintenant ils entendent ça à la radio et à la télé, et que ça les intéresse », sourit Léa Mercier, enseignante d’histoire-géographie et organisatrice de l’événement au sein de l’établissement.

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Après 3 semaines de préparation, en binôme ou en trinôme, les élèves passent tour à tour devant leurs camarades. « Nous pouvons tout à fait continuer de nous développer sans endommager la planète. Il faut user de solutions durables », peut-on entendre au pupitre. Les applaudissements retentissent. Puis place au vote.

Choisir pour la planète : les jeunes se positionnent

Les pays les plus vulnérables, en particulier ceux dont la position géographique les expose davantage aux conséquences du réchauffement climatique sont ceux qui, généralement votent le plus pour les réductions d’émissions polluantes. « Vous souhaitez que l’on fixe une réduction des émissions de C02 de 1%, 5%, 10% ou 20% ? », demande la modératrice de la séance. À main levée, et en s’appuyant sur un argumentaire précis, chacun délégation donne son avis.

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« Ils ont cette fibre de vouloir protéger la nature mais sans savoir comment faire », remarque Olivier Moser, enseignant de Sciences de la Vie et de la Terre. « Souvent, ils mélangent connaissances, croyances et opinions ». En participant à cette simulation de la COP, mais également à d’autres événements comme la Fête de la Science, les esprits s’éveillent, la curiosité et la prise de conscience grandissent, incitant les jeunes à s’impliquer activement et à devenir des acteurs du changement.
« J’aime beaucoup ce concept car ça me fait découvrir des sujets auxquels je ne m’intéressais pas avant et qui sont pourtant importants. J’apprends aussi à parler en public et me faire entendre des autres », constate Mana-Belle, collégienne participante. À la fin de la séance, l’accord de la COP Guyanaise est voté, un moment symbolique où les jeunes prennent la mesure de l’impact de leurs choix et de leur voix.

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